Le groupe naval DCNS crée une filiale dédiée aux énergies marines renouvelables (EMR), DCNS Énergies. Elle produira de l’électricité à partir de trois technologies : l’hydrolien, le thermique des mers et l’éolien marin. Pour relever le défi de ce marché émergent, la nouvelle entreprise reçoit le soutien de Bpifrance ainsi que de Technip et BNP Paribas. Les quatre actionnaires versent 100 millions d’euros au total en fonds propres à la nouvelle entité qui représente un potentiel de nouveaux emplois dans les bassins de Brest, Nantes et Cherbourg.
DCNS Énergies, vers un champion mondial des EMR
Le groupe public DCNS, détenu à 62 % par l’État et 35 % par Thalès, accélère son développement dans les énergies marines renouvelables (EMR) en constituant DCNS Énergies avec trois autres actionnaires : Bpifrance, le groupe Technip et BNP Paribas Développement.
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Alors que le fabricant de frégates et sous-marins militaires est majoritaire à 55 %, la banque publique d’investissement détient 36 % du capital du nouvel acteur. Elle intervient à travers son fonds SPI (Société de Projets Industriels), financé par le Programme d’Investissements d’Avenir. Le groupe Technip, quant à lui, procure son expertise dans l’ingénierie de projets et la construction pour l’industrie de l’énergie, notamment en milieu marin.
Les énergies marines renouvelables au cœur du projet
La nouvelle entreprise définit son activité comme le « développement industriel et commercial de trois technologies pour la production d’électricité [en France et à l’export] à partir d’énergies marines renouvelables ». Outre l’énergie hydrolienne, DCNS Énergies s’emploie à la construction de centrales EMR clé en main fonctionnant grâce au thermique des mers et à l’éolien en mer (avec des flotteurs semi-submersibles).
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Pour la constitution des fonds propres de la nouvelle société, les quatre partenaires ont versés 100 millions d’euros au total. De plus, le constructeur naval militaire dépose des apports en industrie et en propriété intellectuelle. Enfin, la filiale aura recours à l’emprunt.
DCNS Énergies, le défi des EMR
L’ambition de DCNS Énergies est donc bien de faire passer un cap majeur à ces nouvelles technologies en allant vers l’industrialisation, puis la commercialisation des EMR. DCNS s’offre ainsi la possibilité de sortir du marché naval militaire. Les perspectives des EMR sont considérables dans les années à venir.
Ces énergies durables, respectueuses de l’environnement et abondantes, sont amenées à prendre davantage de poids dans le mix énergétique. Ainsi 26% de la production d’électricité mondiale en 2020 sera produite par les énergies renouvelables, selon un rapport d’octobre 2015 de l’Agence Internationale de l’Énergie.
Des bases lancées par DCNS
Depuis 2008, le groupe naval DCNS s’est investi en recherche & développement. Puis en 2013, il a acheté la start-up irlandaise OpenHydro, fabricante d’hydroliennes. Il a ainsi déjà placé près de 250 millions d’euros en huit ans.
Le PDG de DCNS, Hervé Guillou, résume le projet de DCNS Énergies comme étant de « générer de la croissance dans les bassins d’emplois français de DCNS, […] de développer une filière française créatrice d’emplois et de valeur ajoutée à vocation mondiale [et] de devenir un des leaders industriels mondiaux des énergies marines renouvelables. »
Les perspectives concrètes de DCNS Énergies
Le groupe DCNS ambitionne de réalisé 15 à 20 % de son chiffre d’affaires (qui était de 3 milliards d’euros en 2015) dans les EMR d’ici 2024. Des trois énergies identifiées par la nouvelle société, l’hydrolien est celle qui dispose des meilleures perspectives : 50 GW, soit l’équivalent de 30 réacteurs nucléaires EPR. Thierry Kalanquin, le PDG de DCNS Énergies, annonce un objectif d’1 GW d’ici 2025 et 3 GW d’ici 2030, sur un marché estimé à 10 GW.
Les hydroliennes seront installées dans des sites à fort potentiel, où les courants sont de 5 à 6 mètres par seconde. Il pourra s’agir des zones de Paimpol-Bréhat, La Hague, le Nord de l’Écosse ou encore les côtes canadiennes. DCNS avait déjà mis en service une hydrolienne au large de la Nouvelle Écosse. En partenariat avec EDF, un parc pilote avec deux hélices sous-marines existe depuis 2016 au large de Paimpol. Enfin, une dizaine d’hydroliennes doivent être installées au Raz Blanchard au large du Cotentin.
Concernant les deux autres énergies développées par la nouvelle société :
- L’éolien flottant va être mis en œuvre dans un projet de ferme pilote de 24 MW au large de l’île de Groix et un autre de 12 MW aux États-Unis et
- Le thermique des mers sera employé pour une centrale de 10 MW, baptisée «Nemo», à la Martinique à l’horizon 2020.
Des créations d’emplois à venir…
DCNS Énergies emploie aujourd’hui 250 techniciens et ingénieurs dans ses bureaux d’étude de Brest et Nantes. Il dispose même d’un incubateur à Brest. À Cherbourg, une usine d’assemblage des hydroliennes est en cours de construction et va créer 40 emplois. Compte tenu des ambitions que se donne l’entreprise, d’autres embauches sont à prévoir. Toutefois aucun chiffre n’est affiché pour le moment.
Les avantages technologiques et commerciaux concentrés dans DCNS Énergies sont à même d’en faire un acteur de premier plan, tant en France qu’à l’international, de cette filière émergente.